Betty Wieder (née Wajsmark) est une survivante. Née en 1933 à Périgueux, elle a échappé aux rafles de Juifs de la Seconde Guerre mondiale, aidée par son institutrice.
Cachée à Négrondes pour échapper aux Allemands
Cachée à Négrondes pour échapper aux Allemands
« J'ai vu mon père sortir avec deux flics de chaque côté »
« Je suis née à Périgueux, c'est ma ville de cœur », raconte Betty Wieder, née en 1933 dans la ville de Dordogne. Ses parents, Zyndel et Kajla Wajsmark, arrivés de Pologne dans les années vingt, vivent à Périgueux avec Betty et son frère Jacques. Ils tiennent un magasin de confection en ville, rue de la Clarté.
En 1942, le père de Betty est arrêté et interné au camp de concentration du Vernet en Ariège. Il sera déporté de Drancy à Sobibor, où il sera assassiné dans ce camp d’extermination nazi. « Quand je suis remontée de l'école, j'ai vu mon père devant la mairie de Périgueux sortir avec deux flics de chaque côté. Et j'ai appelé "papa !" et mon père a levé la main pour m'envoyer un baiser. Il avait les menottes, ça c'est un flash terrible, et ils lui ont donné un coup dans la figure. Il est parti, je ne l'ai plus jamais revu », se souvient Betty Wieder.
« Tu t'appelles Betty Tastet, tu es ma fille, tu ne dis pas que tu es juive »
La famille de Betty reçoit l’ordre de quitter la ville et se voit assignée à résidence à Négrondes. « Ma mère avait loué une petite pièce dans une ferme. On a été dénoncé. L'institutrice m'a dit : Betty, tu ne t'appelles plus Betty Wajsmark, tu t'appelles Betty Tastet, tu es ma fille, tu ne réponds pas, tu ne dis pas que tu es juive. » En la faisant passer pour sa fille, cette institutrice, Yvette Tastet, sauvera ainsi la vie de la petite Betty. Obligée de fuir, la famille Wajsmark est cachée par des agriculteurs de Négrondes, Louis et Marie Basbayon, aidés par Marie-Louise, leur fille âgée d’une vingtaine d’années. Les Basbayon les cachent quelques mois dans une cabane au fond des bois, puis les aideront à rejoindre la gare de Thiviers. De là, la famille pourra rejoindre Toulouse en train.
Betty Wajsmark-Wieder est aujourd’hui présidente de la LICRA Périgueux, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Elle intervient régulièrement dans les établissements scolaires pour témoigner et transmettre la mémoire de la Shoah.
Les Basbayon, Marie et Louis, et leur fille, Marie-Louise, ont reçu le titre de Juste parmi les Nations en 1995. En 2024, l’école de Négrondes a été baptisé école Yvette Tastet, du nom de l’ancienne institutrice de Betty, qui lui sauva la vie.
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