A la veille de la négociation du budget de la future PAC pour 2021-2028, la Région Nouvelle-Aquitaine organisait sa troisième conférence permanente de l’agriculture, ce mardi 15 mai, lors du Salon de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine. L’objectif est de travailler avec tous les acteurs sur « l’application de la PAC par les Régions et les perspectives sur la future PAC ».
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« Nous devons passer d’une agriculture de compensation à une agriculture d’innovation », lance Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, à l’assemblée réunie pour la 3e Conférence permanente de l'agriculture (1) lors de table-ronde "Application de la PAC par les Régions et perspectives sur la future PAC".
Et de citer, en introduction, Alain Lamassoure : « Le problème de la PAC n’est pas simplement le montant, mais ce qu’il il y a dedans, les orientations de la PAC et vers quelle agriculture nous voulons aller. Je renouvelle cette idée que les interventions auprès du gouvernement et de Bruxelles que nous aurons à réaliser doivent porter aussi sur ce qui va se faire avec la politique agricole commune. »
Une piste de travail pour tous les acteurs réunis lors de cette table-ronde alors que la Commission européenne a annoncé vouloir une baisse de 5 % du budget de la PAC pour le prochain budget 2021-2028.
Un objectif de qualité pour les agriculteurs
Roland Cayrol, venu présenter le 3e sondage Harris-Interactive "Regard des habitants et des agriculteurs de la Région Nouvelle-Aquitaine sur l’agriculture régionale", pointe l’évolution de perspective des agriculteurs. Pour ces derniers la stratégie à adopter aujourd’hui est avant tout celle de la qualité. Un objectif passé de 25 % lors du premier sondage de 2016 à 45 % aujourd’hui. Une hausse considérable prouvant la réponse aux nouveaux défis que doit relever l’agriculture.
Ce sondage permettant d’avoir une photographie assez fine de l’état de l’agriculture met aussi en avant le sentiment de manque de reconnaissance des agriculteurs. Cette remarque ne cesse de monter pour atteindre 79 % cette fois-ci.
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA rebondit : « On ne vit pas toute sa vie mal-aimé, on a besoin quand on agit d’être reconnu, c’est le cas des agriculteurs. Ils ont le sentiment de faire beaucoup de choses : fournir de l’alimentation, façonner les territoires, créer des emplois, entretenir les paysages, valoriser la biodiversité, faire des filières vivantes… Mais ils n’ont pas le sentiment que cela est suffisamment connu et reconnu. »
Pourtant cette étude réalisée au niveau national dévoile un point surprenant : les agriculteurs s’imaginent un image plus noire que la réalité. « Ils sont très sensibles aux critiques, certainement parce qu’ils s’investissent beaucoup. En réalité 87 % des français disent aimer les agriculteurs », explique la présidente de la FNSEA.
Une contradiction que l’on retrouve à la question « Que vous a apporté la PAC en tant qu’agriculteurs ? ». Les contraintes apparaissent à 68 %, loin devant le soutien des revenus, de l’investissement ou de l’évolution des systèmes de production.
« L’Europe ne met pas de complexité »
L’occasion pour Alain Rousset d’interpeller : « Ces réponses renvoient peut-être à la complexité de nos systèmes d’accompagnement. En même temps, si nous n’avions pas des interventions précises et adaptées à chaque problème, on ne serait pas efficace. Notre responsabilité, c’est pour beaucoup d’entre nous de passer notre temps à taper sur l’Europe pour trouver un autre responsable que nous-mêmes. Si l’Europe n’était pas là, cela serait une catastrophe totale. Attention, ce n’est pas l’Europe qui met de la complexité, ce sont les états ou nous-mêmes. Il ne faut surtout pas accuser l’Europe. »
Le député européen français et ancien président de la Région Limousin, Jean-Paul Denanot complète : « La nouvelle politique agricole commune doit offrir la possibilité aux Régions de gérer le premier pilier comme le deuxième pilier de la PAC ; si les états le décident, car ils ont la main. Nous nous battons au Parlement européen pour qu’il n’y ait pas une diminution de la politique agricole commune. »
La ministre de l’Agriculture de la Région italienne d’Emilie-Romagne, Simona Caselli rejoint le député européen : « Je ne crois pas qu’il soit acceptable de se désinvestir de l’agriculture à l’heure du défi démographique et climatique. Nous devrions faire beaucoup plus dans l’investissement de l’agriculture. On ne peut pas laisser l’agriculture à elle-même ».
Alors que la phase de discussion de la nouvelle PAC s’ouvre, le président Alain Rousset insiste : « On a des négociations avec Bruxelles que nous n’avons pas avec un état jacobin ».
(1) Créée en 2016, cette conférence doit permettre d'engager un travail prospectif et décloisonné permettant un échange entre organismes professionnels agricoles, coopératives, lycées agricoles, enseignement supérieur et monde de la recherche.