Gérard Vandenbroucke vient de nous quitter au terme d'une très longue maladie contre laquelle il s'est battu avec courage et volonté.
- #Collectivité territoriale
© Thierry Laporte
Dans la soirée du vendredi 15 février 2019, un regard pénétrant et malicieux s’est éteint : dans ses éclats bleu clair, il nous racontait la Nouvelle-Aquitaine. A pas lents, une silhouette familière s’éloigne, cette même silhouette qui a tant arpenté les sentiers du Limousin, laissant dans son sillon le souvenir d’une vie passée au service des autres. Aucun mot, aucune parole ne saurait exprimer la profondeur de notre chagrin, celui d’une Région toute entière – la tienne, Gérard.
Cette Région que tu as tant contribué à bâtir : à la fois par ta vision si juste et généreuse en faveur des territoires et de celles et ceux qui la peuplent ; et par cette humanité qui te caractérisait tant, rendant si doux et agréable le commerce avec toi.
Car, à n’en pas douter, l’homme et le politique étaient inextricables chez toi. On ne pouvait comprendre l’un sans connaître l’autre. Tu n’étais pas de ces cœurs froids, capables de poser des cloisons étanches entre leurs vies – politique et personnelle. Et justement, ce sont ces vies entremêlées qui lui donnaient tout ton charme, faisant de toi cet homme entier, intègre et attachant ; passionné et passionnant, jusqu’au bout.
Un regard et un sourire
Plutôt que des mots, incapables de retranscrire fidèlement l’émotion qui nous saisit, souvenons-nous de ce regard, donc. Ce regard rieur et profond de Gérard, figé à jamais sous les traits de crayon de Plantu, qui a tenu à lui rendre ce dernier hommage émouvant. A lui seul, ce dessin exprimera d’ailleurs certainement mieux que n’importe quel discours ce que représentait Gérard dans le cœur de chacune et chacun d’entre nous …
Un regard indissociable de son éternel sourire. Combien, ici, l’ont aperçu au détour d’un couloir, lors d’une manifestation ou dans les travées de notre assemblée plénière ? Ce sourire si particulier, ce pli caractéristique de la lèvre supérieur qui nous était devenu tellement familier, et qui disait beaucoup de l’intelligence et la sensibilité d’un homme capable de rire de tout – à commencer de lui-même –, et que Plantu est également parvenu à saisir dans son joli dessin. « Être sérieux sans se prendre au sérieux »… Un regard et un sourire plutôt que des mots, donc. Les mots sont pourtant nécessaires pour évoquer l’engagement d’une vie.
© Plantu
Une autorité calme et naturelle
Le maire tant aimé, d’abord, qui pendant un quart de siècle aura fait de Saint-Just-le-Martel un lieu rayonnant de vie, à son image – à commencer par le salon de presse et d’humour auquel il aura conféré une envergure nationale, y compris au lendemain des terribles attentats de Charlie Hebdo.
Le président de Région unanimement apprécié, ensuite. En effet, en 2014, il remplace Jean-Paul Denanot en tant que président du Conseil régional du Limousin. A cette place, il œuvra au renforcement des politiques engagées et apporta sa part de singularité et de vision politique... et veilla à la préparation de la fusion des Régions, en assurant au Limousin la place qui lui revenait.
Depuis, c’est naturellement qu’il était devenu notre premier Vice-président, en charge de l’aménagement du territoire, de la politique contractuelle et du déploiement du très haut débit. Tant par une autorité calme et naturelle que par l’indéniable capital sympathie de cet élu atypique.
A la tête de la Communauté Urbaine de Limoges, enfin, Gérard veilla pendant près de cinq ans à porter des projets et une vision pour améliorer la situation et le cadre de vie de ses concitoyens. Assurément, l’engagement du politique illustre la générosité de l’homme …
Avec le départ de Gérard, la Nouvelle-Aquitaine pleure donc l’un de ses pères fondateurs. Et moi, un frère politique – et pas que.
Jusqu’au bout, il aura tout donné à sa Région, refusant le repos et le répit qu’il aurait pourtant mérité. J’ai une pensée émue pour son épouse, Blanche, sa fille, Isabelle, et ses trois petits enfants.
En cette période endeuillée, gardons en mémoire ce sourire et ce regard de cet amoureux des territoires, des gens et de la vie.
Au revoir, Gérard.
Alain Rousset
- 29 janvier 1948 : naissance à Limoges, Haute-Vienne ;
- 1970 – 1986 : enseignant en lettres modernes ;
- 1982 : création du Salon de presse et d’humour de Saint-Just-Le-Martel ;
- 1982 – 1989 : conseiller municipal de Saint-Just-Le-Martel ;
- 1989 – 2014 : maire de Saint-Just-Le-Martel ;
- 2004 – 2010 : vice-président du conseil régional du Limousin, en charge des lycées, de l’enseignement supérieur et de la recherche ;
- 2010 – 2014 : 1er vice-président du conseil régional du Limousin, en charge développement économique, de l'emploi et des entreprises, de l’enseignement supérieur et de la recherche, et de l'innovation et des technologies ;
- 2014 – 2019 : conseiller municipal de Saint-Just-Le-Martel ;
- 2014 - 2015 : président du conseil régional du Limousin ;
- 2014 – 2019 : président de la communauté urbaine de Limoges Métropole ;
- 2016 – 2019 : 1er vice-président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.