2D-3D Animations fabrique et produit des films d’animation pour la télévision et le cinéma. Installée à Angoulême depuis vingt ans, cette société indépendante défend son modèle et son savoir-faire dans un secteur hyperconcurrentiel et mondialisé.
L’adresse se veut discrète, perdue dans les ruelles d’Angoulême, à deux pas du fleuve Charente. Ces studios de 600 m² ont pourtant contribué à la fabrication d’histoires merveilleuses et de cartons planétaires : Les Triplettes de Belleville, Astérix et les Vikings, Iqbal, l’enfant qui n’avait pas peur, pour ne citer que ceux-là. Ou encore Minuscule, gigantesque film d’animation récompensé par un César en 2015. Fondée en décembre 1999, la société indépendante 2D-3D Animations fabrique et produit des séries, des courts et longs métrages d’animation pour la télévision et le cinéma. Un milieu hyperconcurrentiel qu’elle a su séduire, en défendant des valeurs universelles comme la protection de l’environnement, la sauvegarde des espèces menacées et le handicap. « Il faut toujours être en avance sur les futures productions, aller chercher les projets là où ils sont, à l’étranger », explique Malika Brahmi, la directrice générale de 2D-3D Animations.
Un véritable exercice d’anticipation et de patience : « Il peut se passer cinq à dix ans entre l’idée à l’origine d’un film et sa diffusion », détaille-t-elle. Les budgets et plans de film se chiffrent, eux, en millions d’euros. Quant au secteur de l’animation, il connaît de profondes mutations qui déstabilisent la filière et ses acteurs historiques. Cette réalité économique a conduit 2D-3D Animations à « revoir sa stratégie », résume Florent Mounier, le responsable du développement.
Prestataire de services, la société angoumoisine est aussi devenue coproductrice et même productrice de ses propres idées et envies. 2D-3D Animations cherche ainsi des mécènes et à lever des fonds pour financer l’une de ses productions, Adam et le nuage magique. « Un projet d’animation autour du handicap, à la manière des animes japonais. Nous avons trouvé un distributeur et espérons le sortir en 2022 », sourit Malika Brahmi, qui dirige actuellement plus d’une trentaine de salariés.
© 2D-3D animations / Yohan Bonnet
Animateurs 2D ou 3D, graphistes, story-boarders et illustrateurs, développeurs... Tous ces métiers indispensables à la création planchent désormais sur informatique. Fini (ou presque) crayons, papier et planche à dessin. Ils ont été remplacés par le numérique et des outils toujours plus puissants, interconnectés. « Nous travaillons tous en réseau et piochons des morceaux de films sur nos serveurs. Alors, perdre une journée de travail à l’échelle d’une équipe entière se chiffrerait en milliers d’euros », souffle-t-elle. C’est pour financer une partie de ce coûteux matériel que la Région Nouvelle-Aquitaine a accordé une aide de 56 000 € à 2D-3D Animations.
Pour garder une longueur d’avance et attirer de nouveaux talents, la société propose également une formation sur la création de story-boards, ces documents qui compilent l’ensemble des plans d’un futur film. « Nous essayons d’avoir plusieurs cordes à notre arc, explique Malika Brahmi. Et il existe une réelle demande à l’international pour former des story-boarders, qui manquent sur le marché. »